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Agriculture urbaine


(crédit photo : By Linda from Chicago, USA - New crops, CC BY 2.0)

 

L’agriculture urbaine est une forme émergente ou réémergente de pratiques agricoles effectuées en ville.

  • En effet, les activités agricoles (petits élevages, jardins, aquaculture...) ont logiquement toujours existé dans les villes ou à proximité pour des raisons pratiques d'approvisionnement alimentaire. Depuis l'antiquité, les villes ont ménagé des espaces d'habitation, d'artisanat (puis d'industrie) et d'agriculture. Avec la croissance démographique, les champs ont progressivement disparu du centre des villes, mais des parcelles plus petites et de très nombreux jardins occupent toujours une place significative des villes.
  • Actuellement, à l'échelle de la planète, on assiste à un intérêt croissant des divers acteurs de la société pour les projets d'agriculture urbaine en tant que vecteur de transition écologique : alimentation durable, lien social et bien-être des populations, projets participatifs, éducation à l'environnement, paysages, etc.
Les formes d'agriculture urbaines sont très variées car elles visent des objectifs divers (production alimentaire, biodiversité, animations à l'environnement, défis technologiques, etc.) et quelles sont contraintes par le manque de place disponible et les pollutions couramment observées en ville.

En parcelles partagées, zones de maraichage professionnelle (exemple de la zone des 15 sols à Blagnac) ou jardins individuels et/ou collectifs, fermes verticales de productions maraichères ou aquaponiques, et parfois sur des terrasses ou toitures, elle permet différentes productions d'intérêt économique local (légumes, fruits, champignons (dont champignons de Paris), œufs, animaux... sur des territoires urbains ou péri-urbains. Espaces cultivés et bâtis se fondent plus ou moins dans la vie urbaine. Cette agriculture participe souvent aussi à un enrichissement de la ville en biodiversités et sensibilise efficacement l'espace public au lien environnement-santé: métaux persistants dans les sols (plomb, cadmium, zinc, cuivre...), particules fines (PM) présentes dans l'air, etc.

Quelques ovins, bovins, caprins de races rustiques en entretien d'espaces enherbés urbains : des poneys et un taureau Highland cattle tondent à la citadelle de Lille (Monument historique), y compris sur de fortes pentes peu accessibles aux tondeuses. De plus, le déplacement du cheptel d'un site à l'autre donne aux animaux un rôle de corridor biologique ambulant» 1

C'est l'une des solutions proposées et recommandées par l'ONU et la FAO2 pour faire face aux besoins de sécurité alimentaire3 aux défis de l'urbanisation et de la périurbanisation, notamment dans les villes des pays dits pauvres. En effet, selon la FAO, l'agriculture urbaine et périurbaine est déjà utilisée par environ 700 millions de citadins (une personne sur quatre environ dans le monde), et si la tendance se poursuit, en 2030, la presque totalité de la croissance de la population se fera dans les villes des pays émergents et environ 60 % des habitants de ces pays seront des urbains3.

Certains écoquartiers ont intégré une ferme urbaine dans leur périmètre (exemple : E.V.A. Lanxmeer, écoquartier d'environ 250 maisons et bureaux aux Pays-Bas).

Des architectes, urbanistes, paysagistes et prospectivistes ont aussi imaginé des projets d'agriculture verticale (dans de grandes tours de plusieurs dizaines d'étages), parfois avec une perspective de relative autonomie alimentaire. Souvent l'écoquartier cherche à mettre en place un dispositif de type AMAP à proximité.


Un concept relevant encore de la prospective mais faisant l'objet d'études voire de projets à moyen terme est celui de l'Agriculture verticale.

Les types de production

  • Maraîchage
  • Petits élevages (volaille, pigeons, lapins principalement), particulièrement fréquents dans certains pays en développement ou régions de Chine, freinés à l'occasion de l'expansion du virus H5N1 qui semble avoir été principalement transporté par le commerce des volailles et les marchés de volaille vivante.
  • Arbres fruitiers (ex. : pommeraie au cœur de l'écoquartier d’Eva-Lanxmeer aux Pays-Bas, répondant aux besoins annuels des habitants en pommes et jus de pomme) ou pouvant avoir une certaine valeur symbolique4.
  • La production céréalière dans le cas du Mittelfeld à Wittenheim.

Les grands objectifs

Ils sont de deux grands types :

  • économiques et alimentaires directs, éventuellement de survie dans les pays les plus pauvres ; cette agriculture constitue par ailleurs parfois un des moyens de résolution de problèmes posés par la gestion de certains déchets urbains (biodégradables ou susceptibles de nourrir des animaux) ;
  • outre, une vente directe intéressante pour l'agriculteur et le citadin, les fonctions sociales ou pédagogiques sont valorisées dans les pays dits développés. Il existe ainsi des fermes pédagogiques ou faisant travailler des handicapés ; l'objectif de production y existe, mais est secondaire. Certains parcs urbains (ex. : en France, le Parc de la Deûle au sud de la communauté urbaine de Lille) intègrent une agriculture de proximité, avec l'idée de coupure verte, de parc de campagne5 ou de pause urbaine6.

Les avantages

  • Une agriculture urbaine et de proximité permet des boucles en « cycle court », diminuant les coûts, les émissions de CO2 et le besoin en énergie et en carbone fossile (les aliments que nous consommons parcourant en moyenne plus de 3 000 km7).
  • Autoproduction pour une partie des besoins (en fruits et légumes par exemple).
  • Recyclage rapide de certains déchets organiques et des excreta après traitement (en veillant à limiter et suivre les risques de pollution).
  • Outil (parmi d'autres) de protection du foncier face au front d'urbanisation8, de maintien de coupures « vertes »9 contre l'urbanisation totale et la périurbanisation…
  • Lien de rencontre ville-campagne, rural-citadin10,11, avantage important au vu de la fracture entre monde rural et monde urbain et du manque de dialogue entre des populations qui ne se comprennent plus7.
  • Limite en outre l'appel aux chaînes de transport et de conservation coûteuses en engins, machines et carburants, en rendant les populations plus autonomes.
  • Insertion socio-professionnel de jeunes en difficultés. Exemple : Le jardin des Patriotes [2] [archive]

Les inconvénients et les difficultés

  • La présence de certains animaux est source de bruit (chant du coq, meuglement, bêlements, aboiements, etc.).
  • Certains végétaux peuvent également constituer des vecteurs de nuisances : pollinisation allergisante, ...

Les principales contraintes et difficultés sont :

  • le coût du foncier et le manque de foncier disponible ;
  • la pression de l'urbanisation, et de la périurbanisation ;
  • la dégradation (dérangement, artificialisation, surfréquentation, pollution) que la ville peut occasionner aux milieux fragiles qu'elle jouxte ou entoure (sols, zones humides utilisées pour le maraîchage et hortillonnages, agrosylviculture, forêts de protection, forêts urbaines12 ;
  • les pollutions qui affectent souvent les sols urbains et périurbains encore disponibles pour l'agriculture urbaine ;
  • l'accès à l'eau (souvent déjà rationnée dans les zones arides) et soleil (ombrage des bâtiments);
  • les risques sanitaires induits par l'usage de boues d'épuration ou urines et excréments mal compostés ou non sécurisés du point de vue sanitaire ;
  • certains risques liés aux élevages semi-industriels (ex. : grippe aviaire ou autres zoonoses, mauvaise gestion des déchets, etc.) ;
  • l'impact de la délinquance (vol, branches de fruitiers cassées, etc.) est généralement plus important en zone urbaine, et pose des problèmes particuliers de responsabilités, gestion et surveillance ;
  • le contexte urbain ne favorise pas la mécanisation agricole, dont l'absence relative peut toutefois être compensée par un moindre besoin de stockage, de transport, etc. Ceci explique que le maraîchage est bien plus courant en contexte urbain que la céréaliculture ou le gros élevage.

Le financement

Selon les contextes, des aides des collectivités, de banques solidaires, ou de type Tiers-investisseur existent ou sont théoriquement possibles (notamment via des systèmes de type jardins partagés, jardins ouvriers, jardins familiaux, etc.). Parfois, c'est un groupe de citoyens motivés qui cherche à mettre en place une zone d'agriculture urbaine ou périurbaine pour répondre à ses besoins.

En France

Un programme de recherche Agriculture urbaine a été initié par l’ENSP, dans le cadre d'un intérêt pour les formes nouvelles d'agriculture durable, en ciblant surtout les fonctions non alimentaires de l'agriculture urbaine ou périurbaine (fonctions aménitaires, entretien et gestion restauratoire de l'eau et des espaces ouverts, lagunage naturel, aménités paysagères, culture, pédagogie à l'environnement, etc). Il a notamment porté sur la région parisienne13,14,15.

Il existe aussi en France depuis le 15 juin 2000 un Réseau terres en villes 16 qui encourage les politiques agricoles d'agglomérations et travaille à la protection et valorisation des espaces agricoles et naturels périurbains, notamment grâce aux PAEN (Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains).

  • Les marais de Bourges sont classés depuis 2003 sur la liste des Monuments Naturels et des Sites et forment une enclave d'agriculture urbaine de 135 ha17,18.
  • En 1997, se crée le réseau du Jardin dans Tous Ses Etats (JTSE). Ses membres s'unissent autour de valeurs communes, formalisées par une Charte. Ses membres représentent la plupart des régions de France métropolitaine, dans lesquelles ils agissent pour favoriser la mise en œuvre, par les habitants, de jardins partagés.19
  • Le Mittelfeld (littéralement le champ du milieu), à Wittenheim est une zone d'agriculture urbaine de 90 hectares située dans la banlieue de Mulhouse, sa vocation a été confirmée le 25 juin 201020.
  • À Paris, une centaine de jardins partagés ont déjà été créés21. À travers le jardinage et la culture de plantes diverses, ces jardins participent au développement de la vie locale. Ils facilitent les relations entre les habitants et favorisent les rencontres entre générations. Ces jardins participent également au développement de l'agriculture urbaine à Paris22 même si leur but principal n'est pas la production alimentaire mais plutôt la création de lien social dans un quartier.
  • En Auvergne-Rhône-Alpes, 404 jardins partagés (soit 238,8 hectares cultivés et 15855 jardiniers) sont recensés par l'association Le PASSE-Jardins, dont 178 sur la Métropole de Lyon23. La Ful (pour Ferme urbaine lyonnaise) doit être lancée à Lyon en 2016. Le projet consiste en la superposition de plateaux techniques pour une production hydroponique de salades24.
  • Les Jardins Perchés25 à Tours consistent en la création d'une exploitation maraîchère autonome et professionnelle, au sein d'un immeuble de 75 logements sociaux, de 1 000 m2 en toiture (dont 800 m2 sous serres) et 1 200 m2 au sol. Ce projet se veut financièrement maîtrisé (le coût final de la résidence équivaut au coût moyen de la production du bailleur, Tour(s)Habitat, soit 2 140 euros/m²) et donc reproductible. Le chantier doit débuter en septembre2017.

Les expérimentations sont de plus en plus nombreuses en France, à l’image des multiples initiatives lancées par des associations et des entreprises. De leur côté, les acteurs institutionnels, notamment les collectivités locales, soutiennent ou mettent en œuvre de nombreux projets d’agriculture urbaine. Parallèlement, plusieurs études et programmes de recherche (en sciences sociales, économiques ou écologiques) et transdisciplinaires comme JASSUR (JArdins ASSociatifs URbains, Dens’Cité, T4P…) sont en cours aux niveaux régional et national.

Pour former et sensibiliser à ces questions, Natureparif et un groupe d'ONG et d'institution spécialisées26 organisent à Paris des ateliers sur l'agriculture urbaine du 30 juin au mercredi 2 juillet 201427. En 2014, Strasbourg a remporté le titre de « Capitale française de la biodiversité » 2014 pour son projet « Ville nourricière » en récompense de ses actions en faveur d'une agriculture urbaine et périurbaine soutenable (parc naturel urbain, potagers urbains collectifs, circuits courts, reconversion de parcelles intensives en bio, etc.) favorable aux habitants et à la biodiversité28

LIRE L'INTAGRALITÉ DE L'ARTICLE AINSI QUE LES RENVOIS DE NOTES DE FIN DE PAGE SUR WIKIPÉDIA

EN LIEN AVEC LA PROJECTION DU FILM "DEMAIN" LE 7 JANVIER 2017 
production agricole en ville

EN LIEN AVEC LA PROJECTION DU FILM "DEMAIN" À L'UPPM LE 7 JANVIER 2017