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Hep Taxi (13)


HEP TAXI!

Le temps du confinement nous impose une clôture spatiale et nous laisse du temps pour cheminer avec cette fée du logis qui est l'imagination. Mais que diriez vous d'un voyage à l'aventure à travers une histoire. Si vous êtes partants, un taxi vous attend devant chez vous. Bon voyage!

Hep   Taxi -13-

  Les lueurs du matin repoussaient dans les ruelles les vestiges de la nuit et déjà Philippe filait dans son taxi. Il avait évité la halte habituelle au coin de sa rue, chez le marchand de journaux. Il en avait même oublié de le saluer, au grand étonnement de ce dernier, privé de sa revue de presse quotidienne. Il brûlait d'impatience, mais n'en oubliait pas pour autant, les règles élémentaires de sécurité...obligation professionnelle. Après avoir serpenté dans le faubourg, il retrouva la place de parking qu'il avait repérée, hier, un peu en retrait et à l'abri du regard des envieux . Il sortit précipitamment de la voiture et s'engouffra dans le dédale des ruelles qui mènent à la Seine .

 En arrivant en vue du boulevard Jaurès, quelle ne fut pas sa surprise de pouvoir détailler tous les sons qui lui parvenaient. Le flot de l'artère ne giclait plus comme hier: il distinguait le bruit du vélomoteur, strident et prétentieux, de celui de la moto qui persiste encore après son passage, et les pots d'échappement des voitures aux tonalités différentes.. Jusqu'au ronronnement du bus, qui glisse le long du trottoir. 

 Philippe, tout excité, chercha des yeux son complice, sans le voir. Ce n'est qu'au bout d'un moment, qu'il vit s'agiter désespérément, une main en l'air. C'était celle du grand bonhomme trapu qui était appuyé sur le parapet.

    • Vous en voulez? lui demanda-t-il en découvrant une tasse de café fumant qu'il enfermait dans son énorme main.

 Mettant fin au suspens, le bouquiniste se déplaça vers une malle en cuir, fermée par deux tendeurs. Il l'ouvrit avec prudence et en sortit délicatement cinq livres inégalement entretenus.L'un en particulier, était déchiré sur le côté et quelques pages décollées, pendaient en apesanteur.

    • Voilà ce que j'ai pu récupérer auprès de mes collègues; celui-là est mal en point...mais c'est le prix Goncourt. Il a du avoir pas mal de visiteurs; j'ai vérifié, il est complet!

    • Je vous remercie pour votre collaboration. 

    • D'autant que les livres d'Émile Jara sont rarissimes chez les bouquinistes, dit-il avec une pointe de fierté mal contenue.

    • Ah ! bon, interrogea Philippe?

    • Ben! Ce n'est pas un romancier ordinaire!

    • C'est vrai....son écriture est originale. Flore l'adore!

    • C'est surtout un personnage étrange! On ne sait pas qui il est? où il vit...Même son éditeur, paraît-il, ignore tout de lui, mis à part ses écrits qu'il reçoit par la poste.

    • Raja...c'est son véritable nom?

    • Je ne le pense pas....sinon on l'aurait déjà localisé! Surtout que les média sont à l'affût du moindre indice depuis plusieurs années.

    • L'éditeur doit bien le rétribuer quand même!

    • Il aurait, paraît-il, un compte en Suisse, dont il ne connaîtrait que le code, conclut le grand bonhomme, l'air dubitatif. 

À SUIVRE....

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JACKY ARLETTAZ