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Hep Taxi (18)


HEP TAXI!

Le temps du confinement nous impose une clôture spatiale et nous laisse du temps pour cheminer avec cette fée du logis qui est l'imagination. Mais que diriez vous d'un voyage à l'aventure à travers une histoire. Si vous êtes partants, un taxi vous attend devant chez vous. Bon voyage!

Hep   Taxi -18-

    • Beaucoup, oui! J'aime son originalité, son style, sa façon sans complaisance de décrire les relations humaines. Vous connaissez?

    • Lui pas vraiment! J'ai lu ses bouquins.

    • Et qu'en pensez-vous?

    • Je trouve qu'il s'amuse de la vanité humaine et il en joue. C'est sûrement un farceur, qui ne croit pas en l'homme mais plutôt dans les Hommes!  ni dans les humanités d'ailleurs qui ne sont que du vent, mais dans l'Humanité.

    • Vous êtes bien sévère! lança Philippe intrigué et attentif par tout ce qu'il venait d'entendre. 

 L'oeil dans le miroir, il voyait que le vieil homme s'agitait de plus en plus à l'arrière. Il se demandait même s'il était pertinent de poursuivre la conversation....et pourtant elle était tellement intéressante.

    • Je vais en voiture, disait une oye, que le renard emportait. La prétention humaine est sans limite, et il est toujours utile de le rappeler, peut-être, poursuivit le vieil homme.

    • Mais il peut être tendre aussi, romantique...il y a des passages d'une poésie...

    • Vous verrez quand vous serez vieux, comme moi, vous aurez votre âge...mais aussi tous les âges à la fois, souffla -t-il en commençant visiblement à fatiguer au fur et à mesure que la conversation avançait. Et donc, celui des premiers émois, des premières amours, des premières musiques intérieures que l'on garde à tort, silencieusement dans son cœur.

  Il avait descendu la vitre, quitté son pardessus, et manifestement cherchait un peu d'air frais. Philippe manoeuvra pour lui descendre légèrement sa vitre. Soudain il vit le passager tourner précipitamment la tête et ce mouvement brusque intrigua Philippe qui le suivait dans le miroir. C'était, lui semble-t-il, à la vue d'un camion de la télévision qui était garé le long du quai, portes ouvertes.

    • S'il te plaît, jeune homme, prends la première à droite après la Maison de la Radio, dit-il d'un ton énervé, le souffle haletant.

 Philippe n'était pas mécontent d'arriver à destination tant le comportement de son passager l'inquiétait. Pourquoi ce tutoiement subit? Et pourtant ses propos étaient d'une analyse rare, dans un taxi.

 Philippe obtempéra, et doucement bifurqua à droite pour stopper quelques mètres plus loin, gêné par les nombreux véhicules de télévision. Apparemment,  toutes les chaînes étaient représentées. Une nuée de reporters qui patientaient, caméra sur l'épaule, et discutaient, les regards tournés vers l'avenue. Un événement d'importance était vraisemblablement attendu.

    • Les salauds! se mit à crier subitement le vieil homme, en remontant sa vitre. Ils ont passé l'information. Voilà, c'est cela nos media! Aucun scrupule, aucune parole, parce que trop de paroles! Aucun respect, hurla-t-il, d'un son déchirant en mettant la main sur le cœur.

    • Vous allez bien? Interrogea Philippe de plus en plus inquiet. Pas de réponse.

Le vieil homme s'était arc-bouté vers l'avant, cherchant vainement à respirer.       

À SUIVRE....

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JACKY ARLETTAZ