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Hep Taxi (19)


HEP TAXI!

Le temps du confinement nous impose une clôture spatiale et nous laisse du temps pour cheminer avec cette fée du logis qui est l'imagination. Mais que diriez vous d'un voyage à l'aventure à travers une histoire. Si vous êtes partants, un taxi vous attend devant chez vous. Bon voyage!

Hep   Taxi -19-

 Philippe stoppa net la voiture, descendit en trombe, ouvrit la portière de son passager qui lui murmura:

    • Emmène moi à l'hôpital le plus proche, vite!

Il ne fallut que quelques minutes pour que Philippe se retrouve devant les urgences de l'hôpital Bichat. Il eut juste le temps d'expliquer la situation que déjà les internes de service avaient diagnostiqué une crise cardiaque. Ils emmenèrent le vieil homme couché sur un chariot, un masque à oxygène plaqué sur son visage.

 Bouleversé, Philippe s'installa dans la salle d'attente, accompagné par la dame de l'accueil. Une heure, puis deux heures s'écoulèrent avant qu'un infirmier vienne le chercher à la demande de l'inconnu. Mal remis de ses émotions, Philippe se rendit dans une chambre au fond d'un long couloir sinistre et à son arrivée, les deux infirmières qui s'affairaient près du lit s'effacèrent poliment, le laissant en tête à tête avec le vieux monsieur. Il prit maladroitement la main qu'on lui tendait, et prêta l'oreille aux paroles qu'on lui adressait, après un gros effort: 

    • Merci pour tout. On se reverra plus tard, ici...ou là haut pour continuer à bavarder. C'était bien agréable! Vos rêves intérieurs sont beaucoup plus beaux que ceux que l'on cherche à vous vendre...souffla le vieil homme, épuisé.

 Philippe voulait l'arrêter pour qu'il reprenne son souffle. Mais il continua:« Gardez mon pardessus, en souvenir, il vous sera un bien précieux!» Philippe comprit qu'en  fermant les yeux, l'homme souhaitait arrêter cette fois la conversation.

 Il retourna dans la salle d'attente et y passa un temps qui lui parut une éternité. Jusqu'à ce qu'un grand bonhomme en blouse bleue, un masque pendant autour du cou vint à sa rencontre. A sa tête, Philippe avait compris qu'il ne venait pas lui annoncer une bonne nouvelle. Le chirurgien lui expliqua qu'ils n'avaient rien pu faire tant l'état de son cœur était catastrophique. Il lui signifia, qu'il n'avait plus aucune raison de rester et qu'il était libre de ses mouvements. Il ne manqua pas de saluer son dévouement et la vitesse avec laquelle il avait réagi. Et d'un pas énergique, après l'avoir salué, retourna au bloc.

 Philippe était anéanti. Brisé.  Broyé. Abasourdi, par la vitesse à laquelle les choses s'étaient enchaînées. Et l'énormité de la situation qu'il était en train de vivre. Il en avait complètement oublié l'heure. Il n'était que onze heures trente et il sortait d'un tourbillon d'événements dont il n'avait jamais eu la maîtrise. Complètement sonné!

 Il eut du mal à repartir... Dans un premier temps, il retourna à la voiture, en sortit le pardessus, roulé en boule à l'arrière, le prit entre ses mains et le serra contre lui comme pour dire adieu au vieux monsieur. En reposant le pardessus sur le siège, il sentit une grosseur au niveau d'une poche. Il glissa sa main, prit connaissance du contenu et prit place sur le siège avant. Il mit le contact, coupa le GPS, et refit le trajet du matin en sens inverse. Il le fit cette fois au ralenti, pour mieux se remémorer chaque épisode de ce scénario extraordinaire.

 Quand il arriva devant la Maison de la Radio, les journalistes avaient disparu. Seuls, deux photographes rangeaient délicatement leur matériel dans le coffre d'une voiture de service. 

Philippe les dépassa puis freina d'un coup sec et se gara sur le bas côté.

À SUIVRE....

(LIRE TOUS LES ÉPISODES ICI)

JACKY ARLETTAZ