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Hep Taxi (24)


HEP TAXI!

Le temps du confinement nous impose une clôture spatiale et nous laisse du temps pour cheminer avec cette fée du logis qui est l'imagination. Mais que diriez vous d'un voyage à l'aventure à travers une histoire. Si vous êtes partants, un taxi vous attend devant chez vous. Bon voyage!

Hep   Taxi -24-

 Lorsqu'il poussa la porte de l'appartement, les bagages étaient rangés. Des livres en souffrance se trouvaient étranglés par la fermeture éclair d'un énorme sac. Le couloir regorgeait de vêtements de toutes sortes. Flore avait adopté la tenue de la parfaite sudiste: bermuda lavande, chemisier jaune noué à la ceinture qui la rendaient plus rayonnante encore.

 Elle lui sauta au cou en disant: « Mon amour, j'espère que tu as passé une matinée tranquille. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse! 

 Enfin des vacances ensemble, loin des contraintes. Rien que nous....que pour nous!

  J'ai trouvé une destination qui va te plaire: c'est... on ne peut plus au sud. Une petite ville pleine de charme, avec une plage magnifique collée contre la montagne comme deux amoureux qui ne veulent pas se séparer...Un bijou! Dans un écrin de rêve. 

Partons vite!»

 

 Sur la route, au milieu des champs de blé de la Beauce, une de ces routes qui trace à perte de vue un sillon qui se jette dans l'horizon, Flore et Philippe chantaient à tue-tête. Les vitres baissées, respirant à plein poumon l'air enivrant de la campagne ils se régénéraient dans cette nature obstinément horizontale: de légères croupes, minuscules, froissaient avec peine, par endroit, le long tapis blond qui se déroulait devant eux. 

 Philippe était exténué. Les montées d'adrénaline du matin, l'avaient paradoxalement asséché: mais il dégustait la sensation d'avoir fait ce qu'il pouvait. 

 Bien sûr Emile (ce serait dorénavant son prénom de scène) aurait survolé le débat d'une façon magistrale, mais il n'y aurait pas mis plus de mordant et de dignité...et cela suffisait à son bonheur. 


 Le rythme endiablé d'un rock à la radio contrastait avec l'attitude de la petite voiture de Flore qui flânait sur la route: on aurait dit qu'elle s'assoupissait, comme Philippe d'ailleurs, dans ce paysage épanoui mais uniforme. 

 Du coin de l'oeil, il surveillait la jauge d'essence et pensait à passer le relais, pour goûter à une sieste réparatrice. 

 Un sonal court et aigu vint interrompre le déhanché saccadé de Flore, au milieu d'une  chanson, sans préalable.

 Une voix féminine, enjouée, annonça: « Si l'on vous dit: Oppression...Si l'on vous dit Liberté, Les musiques de la mer... Courir la vie... L'autre, rien que l'autre..., vous aurez bien sûr reconnu le talentueux écrivain Emile Raja!

 Eh! Bien, nous avons l'extrême plaisir de vous faire entendre l'interview aussi rare que lumineuse, qu'il nous a donnée ce matin, dans le plus grand secret.

 Nous sommes très fiers de vous la proposer, dès maintenant. Pour vous satisfaire, et sans plus attendre! Nous avons pour l'occasion bousculé tous nos programmes.

 Contrairement aux autres radios, vous pourrez en entendre la totalité: une heure et demie de pur bonheur! Nous la passerons en boucle toute la journée!»

 Alors ne manquez pas ce rendez-vous exceptionnel.»

À SUIVRE....

(LIRE TOUS LES ÉPISODES ICI)

JACKY ARLETTAZ