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Hep Taxi (4)


HEP TAXI!

Le temps du confinement nous impose une clôture spatiale et nous laisse du temps pour cheminer avec cette fée du logis qui est l'imagination. Mais que diriez vous d'un voyage à l'aventure à travers une histoire. Si vous êtes partants, un taxi vous attend devant chez vous. Bon voyage!

Hep Taxi ! - 4 -

 Il se souvenait parfaitement de leur première rencontre. De cette fille sortie de nulle part qui s'était plantée devant le capot de son taxi, rue de Sèvres, le faisant freiner brusquement. Lorsque les essuie glace avaient chassé le paquet d'eau qui encombrait le pare brise, il avait découvert un visage souriant, mangé par des cheveux longs et bruns qui descendaient en cascade jusqu'à une bouche qui lui disait «S'il vous plaît! Pourriez vous me dépanner? Je dois me rendre au lycée Voltaire, et ma voiture est en rade!»

 Un moment ébloui, dans cette grisaille, par ce sourire et ces yeux remplis de soleil, Philippe mit du temps à hocher la tête en guise d'approbation. Il en avait même oublié le passager qui patientait à l'arrière.

 Lorsqu'il la déposa rue de Valmy, elle lui demanda d'une voix douce: «Je vous dois combien?» Philippe répondit sur un ton à la fois tendre et malicieusement interrogatif : «vous me paierez ce soir, au retour....» «Heu...alors, ...à ce soir 17 heures, même endroit, répondit-elle  déterminée» et elle fila à grandes enjambées derrière un opaque rideau de pluie.  

 Ce fut sa déclaration d'amour, l'embrasement de son cœur que rien depuis n'avait pu éteindre. Ce fut un véritable big bang, se plaisait-il à dire. Le commencement du temps. Le passé ne comptait plus et même le présent cédait poliment sa place au futur....avec elle. C'était comme s'il venait de dérober le feu prométhéen  pour le lui offrir: cela valait plus qu'une déclaration d'amour!pensait-il alors. Mais Flore était-elle de cet avis?    Philippe commençait de plus en plus à en douter. C'est un peu juste jeune homme... comme démonstration d'amour se ravisa -t-il.   

 On pouvait dire « oh!Dieu, en pensant à Tristan et Iseult, si nos deux amours ne font qu'un ou si nous nous aimons sans entraves, sans jamais défaillir, nul ne mourra?» Ou  comme dans Héloïse et Abélard «Ce n'est pas la quantité de tes paroles que je mesure, mais la fécondité du cœur d'où provient ce que tu dis». Mais aurais-je eu le bon ton de la déclaration pensa-t-il? Ou, en pensant à Cyrano de Bergerac, aurait-elle aimé que je restasse dans l'ombre à lancer des mots comme un poète qui se fait souffleur de vers? 


 La semaine qui suivit ne fut pas celle des rencontres; non qu'ils s'évitaient, mais Flore multipliait les séances de correction ou de préparation de ses cours pendant que Philippe faisait ses courses .    


À SUIVRE....


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JACKY ARLETTAZ