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Hep Taxi (9)


HEP TAXI!

Le temps du confinement nous impose une clôture spatiale et nous laisse du temps pour cheminer avec cette fée du logis qui est l'imagination. Mais que diriez vous d'un voyage à l'aventure à travers une histoire. Si vous êtes partants, un taxi vous attend devant chez vous. Bon voyage!

Hep   Taxi -9-

 Les jours défilèrent comme les fûts des arbres postés le long des routes qu'il empruntait à toute allure, avec son taxi. C'était le printemps! Tôt le matin, les premiers rayons de soleil effleuraient les collines boisées, déchirant les voiles d'une brume encore endormie. Le soir, la lumière s'amusait sur les cimes des arbres, et paresseuse, tardait à se coucher. Durant la journée, les oiseaux refaisaient leurs gammes, et un parfum de terre mouillée et de fleurs séchées embaumait la nature.

  

 Flore et Philippe aimaient aller surprendre les dernières ombres portées par la lumière rosée du Sacré Coeur. Le dimanche matin, main dans la main, ils partaient tôt écumer le marché aux puces en quête d'un objet«orphelin». C'était le plaisir de la rencontre , de l'imprévu, de tenir dans ses mains des objets qui allaient raconter leur histoire, leurs blessures, leur désuétude, leur solitude. Ou bien on les retrouvait du côté de Notre Dame qui resplendissait fière sur son île. Ils ne se lassaient pas d'admirer ce grand H architectural déployé, où Victor Hugo, avec un H majuscule, avait enfermé l'âme d'Esmeralda. Ils se plaisaient à déambuler sur le parvis où les pas appuyés des enfants chantaient sur les pavés. 

 Ce matin là, une averse aussi soudaine qu'imprévisible les avait surpris. Ils s'étaient vite précipité sous l'auvent dégoulinant du petit bistrot en attendant qu'elle cesse. Venant de l'intérieur, le parfum irrésistible du café expresso les avait conduits autour d'un petit guéridon recouvert d'une nappe à carreaux rouge et blanc.

De là ils pouvaient observer l'avenue et les arrivées des consommateurs.

 La pluie avait trempé leurs vêtements , mais cet inconfort n'avait en rien stoppé la bonne humeur de Flore. Elle plaisantait de tout et sur tout: du maniérisme du garçon de café venu prendre la commande , en invoquant la mauvaise foi décrite par Sartre; de la vieille dame un peu fanée qui rêvait encore d'aventure et qui, du coin de l'oeil photographiait les nouveaux arrivants; de sa propre coiffure qui la faisait paraître une gorgone échevelée. Mais, en souriant, elle lui promettait de ne pas le changer en statue de pierre. Ses vêtements lui collaient à la peau et la rendait plus sensuelle encore.

    • Regarde là haut! dit subitement Flore.

    • Où ça?  

    • Là haut, dit-elle en pointant son doigt vers l'immeuble face à eux. Tu vois, au dessus de la mansarde aux rideaux jaunes?

    • Oui, oui!

    • Tu vois les hirondelles font des va et vient. Cette petite tête sombre qui dépasse, tu la vois? Elle s'active comme un rempailleur; elle tresse son nid une brindille dans le bec. Comme c'est mignon!

 Philippe restait la tête en l'air, un instant perdu dans les nuages. Puis il reprit: «Tu m'as dit un soir que la femme descendait d'un songe. Rassure moi, je ne rêve pas?

...c'est bien quelque chose qui ressemble au bonheur que l'on est en train de vivre? 

    • Mais bien sûr! renchérit Flore en éclatant de rire. Le songe c'est l'expression d'un désir, non? C'est aussi un stratagème pour retarder le réveil! C'est le refuge idéal que l'on doit entretenir tous les deux....tout le temps. 

À SUIVRE....

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JACKY ARLETTAZ