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Le souffle du passé -10- (Feuilleton)



                                        Le souffle du passé                                                10


 Quatre hommes, parmi lesquels Raymond le pêcheur, encerclaient un brasier où une pyramide de ceps de vigne crépitaient avant de s'affaler dans de hautes flammes. De l'autre côté du chenal, deux chiens se disputaient la carcasse d'un ballon de football, en grognant.

 Julien s'approcha du feu pour suivre le déroulement des opérations. Munis d'une sorte de houe avec un long manche, les hommes étalaient la braise, pour ne faire qu'un grand rectangle incandescent. Lorsque les ceps furent brûlés, ils apportèrent une grande plaque en tôle, aux bords relevés et la déposèrent sur la braise. Puis rapidement  ils déversèrent le contenu de deux énormes poubelles de moules et les répartirent sur la plaque. Sous l'effet de la chaleur, les moules  s'ouvraient et libèraient l'eau de mer qu'elles contenaient. Puis, Raymond d'un geste rapide, ordonna de soulever légèrement un côté de la plaque, en prenant des précautions, pour évacuer une partie de l'eau des moules. Ensuite, il prit un grand broc, où étaient mélangés du pastis, de l'huile d'olive, de l'oignon, du thym et le renversa sur les moules en criant :«A table!».

  En un clin d'oeil tout le monde était assis autour de la plaque brûlante, avec du pain et de l'aïoli à volonté. 

 «C'est délicieux!» dit Julien en savourant. Le claquement d'une bouteille débouchonnée amorça les présentations faites par Raymond.

 «Alors ça, c'est du vin blanc de Georges qui a une propriété en sortant du village, A côté de lui c'est Laurent, éleveur, qui fait du fromage, de la charcuterie, des jus de fruits: c'est le mas à la sortie, direction l'autoroute, et enfin Gabriel l'ostréiculteur, propriétaire de la ferme conchylicole au bout de la passe, près du phare. Ah! J'oubliais.... ma fille Eliane à la guitare, et ses deux copines Gaëlle la blonde et Julie, la brune. Elles viennent tout juste d'avoir le bac.»

« A votre santé et à votre réussite»  dit Julien en levant son verre.

 La dégustation se prolongea car Raymond jeta sur la plaque encore chaude des  lamelles de seiche et quelques calamars. Du bout d'une pique, il s'amusait à les faire glisser et de temps en temps les retournait délicatement. 

 Les bouteilles de vin circulaient de l'un à l'autre et Julien remarqua qu'elles avaient du mal à faire un tour complet sans être suppléées par une nouvelle. La chaleur du foyer et de l'atmosphère encourageaient à boire.

 Trop préoccupé par la cuisson des aliments, Julien n'avait pas dit mot. Il se contentait en affichant un sourire radieux et des gestes d'approbation, de faire savoir qu'il prenait du plaisir.

 C'est Georges le premier qui brisa le silence. «Julien, est ce que tu aimes le vin du coin?

    • Bien sûr. Je vis à Paris mais je suis d'à côté. De l'Hérault, plus précisément, et j'ai eu l'occasion de faire les vendanges lorsque j'étais étudiant. Le vin d'ici je le connais et l'apprécie.

 Raymond reprit le flambeau en introduisant Julien. «Il apprécie les bonnes choses....la preuve, c'est qu'il a atterri dans ce trou perdu, loin de la civilisation?»

À SUIVRE....

Jacky Arlettaz