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Le souffle du passé -16- (Feuilleton)


Le souffle du passé                                         16


 Il arriva sur la plateforme herbeuse, se laissa glisser doucement dans l'eau jusqu'à la taille. Un rapide coup d'oeil par la meurtrière lui confirma qu'il n'y avait  personne de caché. Il contourna le ventre bétonné du bunker et rentra par l'ouverture dérobée, sur le côté.

 Une toute petite lumière pénétrait à l'intérieur, tant le ciel s'était à nouveau obscurci. Julien avança prudemment vers le fond qu'il avait simplement effleuré du regard la dernière fois. Sous une bâche bleue, en plastique, il trouva le coffre qu'il avait déjà vu, et qui coinçait contre le mur un gros sac en toile de jute marron. Apparemment il devina qu'il s'agissait de vêtements usagés ou de vieilles tenues dont on s'était peut-être débarrassé. Julien fut étonné, car il ne se souvenait pas de ce sac.

  Avec son portable il fit un peu de lumière et s'aventura de l'autre côté d'un tas de gravats. Un sac de ciment, bedonnant, aiguisa sa curiosité.  Il souleva les cagettes en bois posées dessus, et l'entrouvrit.

Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir un pack de six briques de lait, deux régimes de bananes et des paquets de fruits secs.

 De sa lampe torche, il balaya la pièce du sol au plafond à la recherche d'autres indices. Rien de plus, que des graffitis indécents aux murs et le bikini rouge de Julie, peut-être, qui se balançait au vent.

 De peur d'être surpris, il prit rapidement le chemin de retour.

 

 Julien se posa sur la terrasse et se donna un temps de réflexion avant de se lancer dans d'autres découvertes.

 Quel lien y avait-il entre le fugace passage du bateau, et ce qu'il venait de découvrir ?

Pourquoi avait-on entreposé des réserves dans un endroit aussi sordide ? Quelqu'un se fait-il livrer des provisions ? Le personnage sur la barque qu'il avait aperçu, avait-il profité de l'imposante brume, pour venir près de la côte ? Savait-il que quelqu'un était dans la baraque et pouvait le surprendre ? Y aurait-il un repas envisagé sur la plage... mais alors pourquoi des briques de lait ? Est-ce quelque chose d'illicite qui se trame au point de venir en catimini ?  

 Julien commença à échafauder toutes sortes de scénarii dans lesquels il serait involontairement mêlé. Plus il réfléchissait et plus il imaginait des histoires rocambolesques, dans lesquelles il aurait un rôle important à jouer. Voire déterminant.


 Une nouvelle fois cela le transportait dans son adolescence. Il aimait construire des situations avec ses copains, distribuer des rôles à chacun, puis leur présenter le puzzle de ses réflexions. C'était chaque fois une nouvelle aventure : certaines réussies, d'autres ratées, à cause des imprévus. Mais toutes finissaient par une franche rigolade entre copains.

 Sauf une. Elle est d'ailleurs restée dans leurs têtes et a fait trembler tous les villageois lorsqu'ils en eurent connaissance.

 C'était un soir, sur la bretelle qui menait au centre du village, perpendiculairement à la route nationale. Il faisait une nuit noire, percée des lumières de quelques vieux lampadaires, au loin. On devinait à peine les hautes hampes des projecteurs qui encadraient le stade de rugby, à proximité. La route était étroite, sinueuse, bordée de fossés surélevés qui marquaient le début des vignes.


À SUIVRE...


JACKY ARLETTAZ