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Le souffle du passé -29- (Feuilleton)


Le souffle du passé                                                          29


 Julien supposait que tous les regards, maintenant, étaient tournés vers la mer. Qu'allait-il sortir de cette boîte noire que l'on scrutait avec curiosité ? 

 Un bon quart d'heure s'était écoulé quand deux faisceaux lumineux, consécutifs, venant du large, traversèrent la nuit. Le chauffeur répondit par deux appels de phare, Puis plus rien ! Peut-être cinq minutes après, qui en paraissaient trente, ce fut un seul faisceau qui déchira encore le noir ambiant ; le chauffeur répondit, encore, par un appel.

 Les deux portières du van s'ouvrirent simultanément et il en sortit deux hommes en short, dont l'un avait un sac de sport à la main et une corde à l'épaule. Ils dévalèrent le petit talus pour se retrouver rapidement au bord de l'eau. Le premier ajusta une lampe   sur son front et commença à nager vers le large, pendant que le second sortait du sac, ce qui ressemblait à des serviettes.

 La synchronisation avait dû être calculée, car au même moment, un bateau plat, semblable aux « lamparos, » sortit comme par enchantement derrière la presqu'île, son « feu » à l'arrière allumé. Maintenant, Julien pouvait assister pleinement au « spectacle son et lumière. » Il reconnut Raymond à la barre de la barque et Gabriel qui nageait en sa direction.

 Tout s'accéléra tout à coup. Raymond souleva une bâche posée à ses pieds, d'où sortirent cinq silhouettes revêtues de gilets de sauvetage orange qui sautèrent dans   l'eau. Aussitôt Gabriel prit en charge les passagers et la barque disparut rapidement, feu éteint, vers le chenal. Le noir avait repris possession des lieux et pouvait réinstaller son climat de mystères.

 Au fur et à mesure qu'ils approchaient de la plage, Julien distinguait maintenant les visages des nageurs : c'étaient des visages enfantins, qui avaient environ dix à douze ans ; certains, grimaçant pour suivre l'allure du groupe, se tenaient à la corde tirée par Gabriel. Lorsqu'ils atteignirent la plage en ordre dispersé, Laurent, l'éleveur, leur tendit une serviette à chacun et en courant, les entraîna vers le bout de la plage, pour   disparaître dans le bunker.

 L'attente fut longue, très longue.

 Julien, dans une position qui devenait inconfortable, commençait à s'impatienter. Dans un silence, où seules les vagues pouvaient s'exprimer, il tourna la tête, attiré par la conversation des deux passagers de la Méhari. Il attrapa au vol, quelques bribes de              conversation .

Il crut reconnaître la voix de Georges, l'ostréiculteur, qui interrogeait son passager :  Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?»

    • Quand ils auront fini de se restaurer, après des heures passées en mer, c'est Laurent qui devrait les récupérer dans son mas. D'après Jeannette, ils resteront faire les vendanges pour mieux les intégrer, et pour qu'ils se familiarisent douillettement avec le pays.

    • Et nous, on intervient quand ? continua Georges.

    • Quand les gens de France Accueil nous donneront le feu vert on les amènera dans l'Aveyron. Après, ils rejoindront éventuellement leurs familles respectives... si on les retrouve. De toute façon on ne bouge pas. On attend que Jeannette nous donne le signal.  

 

À SUIVRE...


JACKY ARLETTAZ