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Le souffle du passé -30- (Feuilleton)


Le souffle du passé                                      30


 Julien, en changeant de position, fit craquer une branche. La conversation des deux hommes s'interrompit brutalement, juste assez pour que Julien se sente découvert.

     - Tu as entendu ? Il y a eu un bruit du côté de la baraque, dit l'inconnu.

     -  Mais non ! Le parigot est parti cet après-midi. Tu as tellement peur, que tu entends du monde partout, lui lança Georges, en ricanant.

 Juste le temps de souffler pour Julien, de penser qu'il avait eu chaud, que déjà Laurent sortait du bunker, suivi des cinq petits bonhommes en file indienne. Ils remontèrent le petit talus pour s'engouffrer dans le fourgon.  Gabriel ferma la marche et surveilla que tout le monde était à bord, en faisant le tour du véhicule.

 Rapidement, le van se mit en mouvement, tous feux éteints, et la méhari lui ouvrit la voie. Dans un nuage de poussière ils disparurent dans le chemin menant au village.


 Julien descendit du figuier, scruta l'horizon pour voir si tout était calme. Il inspecta les alentours, allant d'un bout à l'autre de la terrasse pour vérifier si personne ne traînait   dans les parages.

 Plus aucune trace, plus aucun bruit...rien que la mer qui chantonnait sa berceuse du   soir. Le marchand de sable était passé et la nuit pouvait refermer ses paupières.

 Julien réalisa qu'il venait d'être témoin, à son insu, d'une scène spectaculaire : une scène surréaliste, de la veine des hold-up, ou des enlèvements, telles que celles qu’il voyait au cinéma. Tout s'était joué en peu de temps, d’une précision diabolique, avec une stratégie mûrement réfléchie.


 Il entreprit de retrouver le fil d'Ariane de ce qu'il venait de voir, et de tirer sur le fil des idées, pour remonter jusqu’aux intentions.

 Il lui semblait avoir compris que les enfants, lors de leurs migrations, avaient été séparés de leurs parents. Le but était qu'ils les rejoignent sans errer, pour retrouver de l’affection et un possible avenir, que les centres de rétention, ou des zones d'attente   pour personnes en instance ne pouvaient leur donner.

 (Il reconnaissait là, le souci de Jeannette, peu avare de générosité et de solidarité, qui avait reconstitué, autour d’elle, une bande d'amis qui partageaient ses idées. Cela devait lui rappeler le bon vieux temps, imagina-t-il.)

 Raymond avec sa connaissance de la mer et des lieux, avait dû les récupérer au large pour les amener sur cette plage, à l'abri des regards.

 Tel Maigret, il réalisait maintenant, - ah ! oui, mais c'est bien sûr ! - que les provisions et les habits entreposés dans le bunker, étaient là pour qu'ils puissent porter des vêtements secs et se restaurer. Quant à Julie, elle devait venir de temps en temps vérifier, entre deux bains de mer, que rien ne manquait, à l'abri, dans la cache.

 Il retrouvait tous les personnages qu'il avait rencontrés lors de la mouclade. Chacun ayant une mission en rapport avec ses compétences.


 Il était tard quand Julien se remit de ses émotions. Il lui restait à peine quelques heures à se reposer avant de rejoindre la gare, pour retrouver la capitale. Il ne dormit pas   vraiment, trop soucieux de rater l'heure de son train.

 

À SUIVRE...


JACKY ARLETTAZ