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Le souffle du passé -7- (Feuilleton)


Le souffle du passé                                             7

 Les journées d'été se passaient ainsi....jusqu'à ce mémorable 20 Juillet 2000. Non pas à cause du XX1° siècle naissant, ni à la fin d'un millénaire passé qui  fait reverdir des prophéties anciennes, mais parce que le destin de nos deux adolescents allait changer de couleur. 

 Cet après midi là, la place sur le banc aux côtés de Julien resta désespérément vide. 

 Julien avait compris qu'il devrait continuer la route sans lui. Louis avait jugé sûrement qu'il  était capable d'affronter l'existence, droit dans les yeux, sans fléchir.

  Pourtant Julien aurait aimé qu'il sache que le brevet en poche, il venait de réussir le concours d'une école prestigieuse et qu'il allait déménager à Montpellier.

 Mais avant de partir, Julien se demanda si Louis, ne lui avait pas laissé comme héritage un message. C'eût été, par une histoire, sa façon discrète de tirer sa révérence. Dans tous les cas elle restera gravée au plus profond de sa mémoire .

 «C'est l'histoire d'un vieil homme, qui, à l'article de sa mort, appelle ses trois fils à son chevet. Je ne suis pas assez fortuné, leur dit-il, je n'ai pas assez de bien pour diviser en trois ce que je possède. J'ai donc décidé, de donner tout ce que j'ai à celui qui fera preuve d'intelligence et d'habileté.Vous trouverez sur votre table de chevet, une pièce de monnaie; prenez- la, et celui qui, avec cette pièce, pourra acheter de quoi remplir la case, aura tout.»

 Drôle d'énigme, avait répondu Julien, en l'écoutant. 

 Il poursuivit:« Le premier, acheta de la paille mais avec la pièce de monnaie, il ne put acheter de quoi remplir la case qu'à moitié. Le second acheta des sacs de plumes, mais ne parvint pas non plus à remplir la case.» Un long silence précéda la suite. Louis observait Julien dans sa réflexion. Il semblait suivre dans ses yeux le parcours qu'il empruntait, comme le Petit Poucet, les petits cailloux qu'il avait disséminés. Et ce silence avait valeur d'interrogation. Julien se devait de proposer une solution pour le troisième fils qui devait avoir vraisemblablement la solution.

 Julien bafouilla: «ça doit être quelque chose qui n'est pas matériel?» interrogea-t-il sans grande conviction. Louis sourit, apparemment satisfait de la proposition. et continua sur le même ton:« Le troisième, enfin, acheta un seul objet: une bougie. Il attendit la nuit, alluma la bougie, et emplit la case de lumière.»

 Julien rumina longtemps cette histoire... sans vraiment pouvoir la digérer.

 Louis voulait-il me rappeler la primauté de l'intelligence? en me conseillant d'en faire grandement usage. Me montrait-il que même pauvres, nous portons en nous une richesse considérable? Que l'histoire de l'humanité est un passage de flambeau d'une génération à une autre?  Ou tout simplement qu'il sentait que sa dernière heure était proche et que je devais prendre la suite....d'où le recours à la lumière...et sa symbolique. Que tout problème avait une solution?....

 La disparition de Louis n'allait pas être la plus grande émotion de la journée: il fallait encore, que Julien annonce la nouvelle, à Jeannette..... Il redoutait ce moment. 

 Depuis l'école primaire ils avaient fait route commune, partageant leurs joies et leurs peines, leurs centres d'intérêt. Ils avaient insufflé, avec une bande de copains  un élan de fraîcheur, d'enthousiasme, avec l'insouciance et l'énergie d'une jeunesse dont le village avait bien besoin. 

À SUIVRE...

Jacky Arlettaz