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Le souffle du passé -8- (Feuilleton)


Le souffle du passé                                                             8


 Après le repas du soir, Julien rejoignit la grand place où Jeannette faisait les cent pas.    Après s'être assuré que les regards n'étaient pas braqués sur eux, il l'embrassa furtivement, lui prit la main et l'entraîna à travers le dédale des ruelles.  Jeannette resplendissait de fraîcheur: son chemisier rose, bien rempli, sur sa jupe courte et frémissante aux caprices du vent, prolongeait parfaitement son visage d'ange éclairé par ses yeux, d'un bleu éclatant, Quand elle marchait, elle avait quelque chose de différent des autres: non pas son allure légère, ni sa démarche désinvolte qui se soucie peu de la mode, ni son rire qui fleure bon l'air pur....Non, tout simplement, Jeannette ne savait pas qu'elle était belle. Elle ne voyait pas les révérences des soupirants qui se pressaient autour d'elle en se consumant d'envie. Son pôle d'attraction c'était Julien, son Julien, sur lequel elle bâtirait sa vie. Elle aimait l'aimer...un point c'est tout! 


 Désolé, mais j'entends Julien qui sort de sa sieste.

 Donc je reprends ma plume de narrateur. Je vous conterai la suite plus tard, si je peux!

 Julien se frotte les yeux et en regardant sa montre, constate qu'il s'est assoupi une bonne heure. Il contemple le paysage qui s'offre devant lui, sans obstacle. 

 A ses pieds, la mer s'étale à n'en plus finir et flirte avec la lagune. Il devine, au loin le toit cabossé de la baraque qui cache une petite plage de sable qu'il n'avait pas vue depuis la terrasse: une anse protégée par une butée de terre, recouverte d'herbe verte.     C'est de là que sortait la silhouette, pensa-t-il.

 S'il voulait se baigner et profiter encore du soleil, il devait entamer la descente. Mais cette fois, il éviterait les lacets et filerait tout droit à travers les vignes en suivant les ornières tracées par les tracteurs. Julien mouilla sa casquette avant de la recoiffer, et se faufila dans les rangées de ceps, alignés comme des soldats au garde à vous. 

 Il retrouva le chemin engoncé entre deux talus et se précipita sur la plage qu'il avait découverte du haut de la colline. Quelle ne fut pas sa surprise de marcher sur du sable fin, agréable, et de découvrir un bunker qui fermait l'anse de mer, masqué par un mur en béton, avec une entrée dérobée sur le côté. Un tapis herbeux lui faisait un chapeau et ajoutait à son camouflage. 

 Curieux, Julien s'aventura en rampant à l'intérieur de l'abri: sur deux vieilles planches de bois disposées en croix séchaient un maillot deux pièces, rouge et noir et une serviette de plage barriolée. Par une meurtrière, la lumière venait éclairer un amoncellement de cailloux, bouteilles vides, journaux et une bâche noire recouvrait en partie ce qui ressemblait à un coffre métallique dont il pouvait voir des lettres écrites sur la tranche: J§J. 

 Julien rebroussa chemin et fonça dans l'eau tout habillé, se rafraîchir les idées.

 Il n'en ressortit que bien plus tard, à la tombée de la nuit. Il avait profité du silence du lieu: la plage était déserte. Seul un véliplanchiste venait quelquefois virer de bord, pressé de repartir. A tel point que Julien se débarrassa de ses vêtements et continua sa baignade, tout nu. Le soleil s'empalait sur la pointe du figuier. Au dessus de la colline, des vergetures orange et jaune zébraient le ciel. Il était temps de rentrer et d'aller participer à la fête au village des pêcheurs.

À SUIVRE...

Jacky Arlettaz