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L’entraide plus forte que la peur


Face à la pandémie, l’entraide plus forte que la peur

Face à l’épidémie du Covid-19, l’entraide s’organise, entre voisins et à une échelle nationale, pour ne pas laisser seules les personnes les plus fragiles. Des liens de solidarité qui pourraient perdurer après la crise.

Des citoyens anonymes s’organisent comme ils peuvent afin de lutter contre la solitude imposée par le confinement. Et ils n’ont bien évidemment pas attendu les annonces d’Emmanuel Macron qui, dans son discours du 16 mars, incitait les Français à garder le lien, à appeler nos proches, à inventer de nouvelles solidarités entre générations.

  • Dans les halls d’immeubles, les petites annonces proposant de l’aide ont remplacé les plaintes contre le tapage nocturne.
  • Création de groupes WhatsApp entre voisins, courses communes pour limiter au maximum les sorties, gardes d’enfants des soignants, coups de main aux personnes âgées et aux plus fragiles. Ceux qui n’avaient jamais songé à demander des nouvelles à la grand-mère du 2e se sentent soudain pousser des ailes. Cette vague de solidarité touche jusqu’aux supporteurs de football : ceux du SM Caen ont incité leurs membres en bonne santé à proposer leurs services à la préfecture du Calvados, de la Manche et de l’Orne.
  • Confinement oblige, l’entraide s’organise d’abord en ligne. Des dizaines de pages Facebook, de fils Telegram, et de thread Twitter foisonnent sur le web. Pour s’y retrouver, une carte a été lancée, listant une quarantaine de groupes dans toute la France. (Dans le 66 l'association Agir Autrement Aujourd'hui est très active)
  • D’autres tentent de compiler des liens utiles, à l’instar de la page Organisé et Confiné, où l’on retrouve différents sites d’informations, groupes de discussions et forums d’échanges comme Entraide Coronavirus
  • Informer et faire le tri dans les infos, c’est également l’un des objectifs de l’application Covid-19 Solidarity. Une quinzaine d’initiatives sont répertoriées : du site du gouvernement, aux conseils sur l’entraide entre quartiers en passant par le développement d’une épicerie pour les plus vulnérables ou encore le nettoyage des communs. Chacun peut contribuer et rajouter une nouvelle idée.
  • Le site En première ligne propose de mettre en relation le personnel soignant et ceux qui voudraient leur faire des courses ou garder leurs enfants. 
  • Les plateformes déjà existantes d’aide entre voisins sont également montées au créneau. Allo Voisins, qui compte 3,5 millions de membres et qui vit de la location d’outils entre particuliers, a décidé de supprimer ses commissions. Next Door, « le réseau social des voisins », a lancé une campagne pour que ses habitués se mobilisent. Enfin, on peut également utiliser la plateforme Mes voisins. 
  • Les plus précaires, en particuliers les SDF, sont les premières victimes de cette crise.  Le nouveau site Comment aider tente de lister les ONG qui continuent de travailler malgré les restrictions. 
  • Préparer l’après-coronavirus est aussi une obsession récurrente dans certaines discussions. À Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), le collectif pour la transition a lancé un appel à la création d’un réseau local de production alimentaire afin de pallier une rupture partielle ou totale des chaînes de transport et d’alimentation. « J’espère que cette crise va faire prendre conscience aux gens qu’il faut consommer local », s’exclame Alban, membre du collectif. À Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), les membres de l’Amap Court-Circuit ont imaginé un système d’entraide local pour apporter des légumes aux personnes les plus vulnérables. 
  • S’organiser pour tenir dans la durée, c’est l’un des objectifs du fil Telegram « Covid Entraide France ». Dans les discussions, on s’échange des informations, comme ces tutoriels pour coudre soi-même son masque de protection. On partage ses angoisses, ses doutes, ses espoirs. « On sait qu’à chaque bouleversement social, des groupes s’organisent. Et souvent, on perd beaucoup de temps à se coordonner, à retrouver les informations, à référencer les outils. On s’est dit qu’il fallait rapidement agir pour éviter les pertes de temps », dit Pierre, l’un des cofondateurs de ce fil. 

Cette pandémie n’est pas qu’une simple crise sanitaire. Limitant notre liberté de déplacement, elle nous incite à repenser de nouvelles manières de consommer et de partager. Geneviève Azam, économiste et membre du comité scientifique d’Attac, espère que les solidarités qui se tissent aujourd’hui puissent se pérenniser après la crise. « Je n’ai pas supporté le discours d’Emmanuel Macron qui parlait sans cesse de la guerre. Alors que nous sommes en paix. Une paix terrible, certes. Mais une paix où les marchés financiers peuvent s’effondrer, où l’on peut enfin respirer un air moins pollué. » Loin de pétrifier la pensée et l’action, cette expérience pourrait donc être l’occasion de rebattre entièrement les cartes, d’imaginer les fondations d’une nouvelle société plus solidaire, moins consommatrice, plus écologique.

EXTRAITS D'UN ARTICLE À LIRE DANS SON INTÉGRALITÉ SUR LE SITE REPORTERRRE

Crédit photo : EomminaGerd Altmann