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L'Odyssée d'Homère, récit de l'errance d'Ulysse après Troie, n'est pas seulement un mythe ancien ; c'est un miroir puissant des thèmes contemporains de l'exil, de l'immigration et de l'hospitalité.
Le long voyage d'Ulysse, un homme forcé de fuir la guerre et constamment repoussé par les éléments et les dieux, résonne profondément avec la réalité des réfugiés et des migrants d'aujourd'hui. Ulysse est l'archétype du naufragé cherchant un port sûr, souvent réduit à mentir sur son identité pour survivre. Cette nécessité de cacher son passé et sa lutte pour la reconnaissance à son retour (quand il est déguisé en mendiant) symbolise la perte d'identité et les défis d'intégration vécus par les exilés.
L'île des Phéaciens offre le contraste le plus marquant. Dirigés par la loi sacrée de l'hospitalité (Xenia), ils accueillent Ulysse nu et brisé, s'occupant d'abord de ses besoins avant de lui demander son nom. Cette escale représente l'utopie de l'accueil inconditionnel, plaçant le sort de l'étranger (le xénos) sous la protection directe de Zeus.
Aujourd'hui, alors que les débats sur l'immigration se concentrent sur les murs et les frontières, l'Odyssée nous interpelle. Sommes-nous plus proches des Phéaciens, qui reconnaissent l'humanité du suppliant, ou du Cyclope Polyphème, qui bafoue l'hospitalité pour dévorer l'étranger ? Le voyage d'Ulysse nous rappelle que la question de l'accueil est un critère éthique fondamental, testant la dignité de la société hôte autant que la résilience du voyageur.