L’UPPM (Université Populaire Pyrénées Méditerranée) a eu le plaisir de participer à la journée de l’arbre à Argelès-sur-Mer de 2025
À l'occasion de la Journée internationale de la forêt, plusieurs classes ont été accueillies pour une projection du film Le Chêne, œuvre audacieuse et poétique qui a su captiver petits et grands. Ce film, fruit de six années de travail minutieux, nous plonge dans l’univers fascinant d’un vieux chêne et de toute la biodiversité qui l’entoure : oiseaux, insectes, rongeur, mammifères... sans aucune parole humaine, seulement le souffle du vivant.
Bernard Arnaud, en charge de la sélection du film, a brillamment relevé le défi de toucher un jeune public peu habitué à ce type de narration. Sans voix off ni effets spectaculaires, le film a réussi à provoquer rires, exclamations et émerveillement dans la salle. Une réussite totale, tant par son approche artistique que par son impact émotionnel.
"Je ne m’attendais pas à un tel niveau d’accroche. Ces enfants, souvent attirés par les jeux de tirs ou les films d’action, ont été fascinés par ce vieux chêne et la vie qu’il abrite. C’est assez bouleversant."
Après la séance, un temps de parole a été proposé : les enfants ont partagé leurs ressentis, leurs questionnements, leur surprise, leur inquiétude pour les animaux... Une vraie sensibilité écologique en germe s’est révélée.
Diane Sorel a ensuite présenté la forêt de la Massane, située non loin de là. En établissant un lien concret entre le film et leur territoire, elle a su éveiller curiosité et engagement chez les élèves, désireux d’en savoir plus sur la vie réelle de la forêt et les manières de la protéger
La conférence a débuté à 17h15 devant 70 personnes attentives. JackyArlettaz a ouvert la rencontre avec une lecture anthropologique du conte du Petit Poucet, plongeant l’assemblée dans une forêt archaïque, mystérieuse, parfois menaçante… mais aussi matricielle.
Il a mis en lumière un renversement symbolique de notre époque : la forêt, autrefois lieu d’égarement, devient aujourd’hui un refuge apaisant, tandis que la ville devient source de tension et de peur. Une ouverture puissante, introspective, presque initiatique, qui a préparé les esprits à une exploration du vivant sous toutes ses formes.
En écho à cette approche symbolique, Bernard Riu nous a emmenés dans les forêts réelles des Albères. De la spiritualité des moines bénédictins aux usages agricoles et pastoraux des habitants, il a retracé les siècles d’interactions entre humains et nature :
abattis et cultures,
mas et traditions orales,
charbonnières et pâturages,
pratiques ancestrales comme l’esquellada ou la ferrade.
Un regard historique qui ancre la forêt dans notre quotidien et notre mémoire collective.
La parole est ensuite revenue à Diane Sorel, conservatrice de la Réserve Naturelle de la Massane, classée UNESCO. Avec passion, elle a présenté cette forêt en libre évolution depuis plus de 150 ans :
336 hectares,
plus de 10 000 espèces recensées,
un laboratoire à ciel ouvert de renommée mondiale.
Ce fut un moment fort, liant savoir scientifique, préservation et transmission.
La présence d'Antoine Casanova et Benoit Ribart fut apprécié par les organisateurs et les conférenciers de cette journée.
Dans ce second long métrage, Gwarr Greff, accompagné de Axelle Picco, nous entraîne au cœur de la forêt de la Massane, joyau des Pyrénées-Orientales, récemment classé patrimoine mondial de l’UNESCO en 2021.
Cette forêt ancienne, refuge glaciaire préservé depuis des millénaires, est l’une des rares forêts européennes à avoir conservé son cycle forestier naturel complet, sans exploitation humaine. On y trouve une abondance de vieux arbres, de bois mort, et une biodiversité exceptionnelle avec plus de 45 000 espèces répertoriées.
À travers les témoignages de chercheurs, conservateurs, botanistes, gardes forestiers, philosophes et habitants, le film explore la Massane comme un sanctuaire vivant, mais aussi un laboratoire scientifique de référence où s’étudient le climat, la génétique, la chimie des sols, ou encore les étonnants transposons, ces messagers d’informations génétiques entre espèces.
Au-delà de la science, le film nous invite à une méditation sensible sur notre lien à la nature : une ode à la lenteur, à l’écoute, à la beauté brute du monde sauvage, loin des urgences du monde moderne.
La forêt de la Massane apparaît ainsi comme un symbole universel, entre sacré ancestral et espoir écologique pour l’avenir.
Cette Journée internationale des forêts fut bien plus qu’une série d’événements : elle fut une expérience de reconnexion, une traversée du temps et des symboles.
Des contes de notre enfance aux racines de la Massane, des gestes des anciens aux savoirs écologiques d’aujourd’hui, c’est toute une vision du monde qui s’est dessinée. Et peut-être sommes-nous repartis avec une certitude douce et profonde :
Écouter la forêt, c’est réapprendre à écouter en nous ce qui pousse, ce qui relie, ce qui nous rend vivants.
Merci à tous les intervenants, aux enfants, au public, et à celles et ceux qui ont rendu cette journée possible.