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Numérique et pollution


Numérique et pollution

Comment réduire l’impact écologique de l’e-mail ?

Outre le choix d’un ordinateur plus respectueux de l’environnement (certifié par exemple par l’écolabel européen ou ENERGY STAR) et adapté à son profil d’utilisateur, il est recommandé par l’ADEME ces quelques mesures pratiques très simple.

1. Stocker en local

Le stockage des messages sur les serveurs consomme de l’électricité. Dans le monde, les centres de stockage des données (data centers) consomment 1.5 % de l’électricité mondiale, soit l’équivalent de la production de 30 centrales nucléaires. Et comme ils sont majoritairement alimentés par des centrales au charbon, ils sont responsables de 2% des émissions de CO2 (source GreenPeace). Il est donc recommandé, autant que possible, de stocker les informations sur des disques durs ou en local, plutôt que sur des serveurs.

2. Nettoyer régulièrement sa boîte mail

Plus un courriel est conservé longtemps sur un serveur, plus son impact sur l’environnement est négatif. Pourquoi donc garder des messages dont vous n’aurez plus jamais besoin ? Prenez l’habitude de supprimer vos messages plutôt que de les archiver et nettoyez régulièrement votre boîte de réception, en supprimant les spams et vidant la corbeille.

3. Limiter l’envoi des pièces jointes

Vous vous apprêtez à envoyer une ou plusieurs pièces jointes ? Envoyez plutôt un lien, afin de réduire la taille du message. La planète vous en sera reconnaissante.

Compressez vos pièces jointes pour limiter "l'énergie consommée pour l'envoi et le stockage du mail". "Un mail contenant une pièce jointe de 20Mo génère 20g de CO2". Pour les fichiers très lourds, mieux vaut cette fois utiliser des outils comme WeTransfer, qui ne stocke le fichier que quelques jours. 

4. Ne pas multiplier les destinataires

Envoyer un mail à 10 destinataires multiplie par 4 l’impact sur le changement climatique, a calculé l’ADEME. Efforcez-vous donc de ne pas multiplier le nombre de destinataires (demandez-vous si chaque destinataire a vraiment besoin de recevoir votre message) et évitez ainsi une utilisation intempestive et non maîtrisée du courriel.

5. Imprimer avec modération

Enfin, cela va s’en dire : pour économiser de l’encre, du papier et de l’électricité, n’imprimez vos messages et pièces jointes qu’en cas de nécessité

Trois autres conseils pour réduire son e-pollution

    1. Garder le plus longtemps possible ses appareils électroniques

Garder son ordinateur le plus longtemps possible permet d'alléger un temps soit peu son bilan carbone. "De manière générale, utiliser un ordinateur plus longtemps et ainsi allonger sa durée de vie de 3 ans évite l’émission de 2,3 kg équivalent CO2 par an. Cette économie représente annuellement, à l’échelle de la France, un total d’émissions de CO2 équivalentes à environ 500 millions de km parcourus en voiture", écrit l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

2. Éteindre aussi souvent que possible ses appareils

Un ordinateur allumé 8 heures par jour, il consomme environ 600 kWh par an. Soit de quoi faire fonctionner un congélateur de 200 litres pendant plus de trois ans. C'est entre 150 et 300 kWh par an pour un ordinateur portable. La box ADSL consomme de son côté entre 30 et 74 kW par an.

Afin d'économiser le plus d'électricité possible, la meilleure option est bien sûr de limiter le temps passé sur l'ordinateur et de le débrancher dès qu'il n'est plus utilisé. Concernant la box, l'Ademe conseille de l'éteindre au moins pendant la nuit.

3. Affiner ses recherches sur internet

Sur votre moteur de recherche, chacun de vos clics a également un impact sur la planète. Une requête Google génère par exemple l'équivalent de 7 grammes de CO2. A l'échelle individuelle, cela semble peu. Sauf qu'en France, chacun des 45,7 millions d’internautes effectue près de 1000 recherches par an. L'Ademe compare ces usages à l'émission d'environ 287.600 tonnes équivalent CO2, soit plus de 1,5 million de km parcourus en voiture.

Pour limiter vos clics, pensez à enregistrer les sites sur lesquels vous vous rendez souvent dans vos favoris. Vous pouvez également taper directement son adresse. Ces deux options divisent par quatre les émissions de gaz à effet de serre. 

Assumons notre responsabilité d'utilisateur mais sans culpabilité extrême

Oui, le numérique pollue. Il représenterait près de 1.4 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit près de 3.8% des émissions de gaz à effet de serre mondiales selon l’étude GreenIT. C’est plus que l’aviation civile mondiale.

L’ensemble des équipements qui constituent le numérique mondial pèse autant, en kilogrammes, que 5 fois le parc automobile mondial. Ce chiffre permet de se rendre compte qu’Internet, qu’on imagine souvent “dématérialisé” est en fait constitué de matériel bien réel, et bien encombrant. 

Numérique et pollution : remettre les comparaisons en perspective

Parc automobile

Le numérique pollue plus que le parc automobile français (il émet 4 fois plus de CO2 que la France dans son ensemble). Mais le parc automobile français représente 40 millions de véhicules dont les 4/5 servent essentiellement à transporter des particuliers. En face, le numérique c’est près de 4 milliards d’utilisateurs, sur une variété de terminaux importante (téléphones, tablettes, ordinateurs) et comprenant une grande variété d’usages : travail, relations sociales, divertissement, transactions financières, commerce en ligne. D’un côté, le parc automobile français transporte 40 à 60 millions de personnes, ainsi que des marchandises. De l’autre, le numérique permet à des centaines de millions voire des milliards de personnes de communiquer, s’informer, s’éduquer, mais aussi de travailler et il représente aussi un potentiel immense d’économies de pollution pour de nombreux secteurs, ainsi qu’un outil indispensable de la recherche.

Qu’y a-t-il donc d’étonnant à ce que le numérique pollue plus que le parc automobile français puisqu’il représente 100 fois plus d’utilisateurs dans le monde et une variété d’usage tellement plus vaste ?

7ème continent ?

On retrouve souvent l’idée que “le numérique est un septième continent” en matière de pollution. Et avec 1.4 milliard de tonnes, il est vrai que le numérique pèse assez lourd dans le bilan global. Mais le numérique émet 8 fois moins que la Chine, 4.5 fois moins que les USA, 3 fois moins que l’Europe. Oui, le numérique est l’équivalent d’un continent en termes de gaz à effet de serre, seulement c’est le plus petit d’entre eux : un continent 2 à 3 fois plus grand que la France à peine, alors qu’il compte près de 4 milliards d’utilisateurs. 

Pollution du numérique : la remettre à sa place

Empreinte carbone

L’empreinte carbone du numérique augmente et elle devrait continuer à augmenter. Une multiplication par 3 entre 2010 et 2025. Mais qu’en même temps, le nombre d’utilisateurs augmente aussi : pratiquement multiplié par 3 lui aussi sur la même période, passant de 2 milliards à 5.5 milliards. Logique : qui pensait qu’Internet allait rester le privilège de l’Europe et des Etats-Unis ? Cela signifie que l’empreinte carbone du numérique par utilisateur n’augmente, elle, pas trop. Contrairement à l’empreinte “du parc automobile français”, qui, elle augmente puisqu’on y trouve une proportion de plus en plus importante de SUV. 

Visionnage de vidéos en ligne

Le visionnage de vidéos en ligne a un coût écologique mais il faudrait regarder 33 heures de vidéos de chats sur YouTube pour émettre l’équivalent en CO2 d’un seul petit kilomètre parcouru en SUV. Ou qu’il faudrait se retenir d’envoyer environ 60 000 mails pour économiser autant de CO2 qu’en évitant de faire un seul aller-retour Paris Marseille en voiture.

Numérique et pollution : une question de production plus que d’usage

Ce n’est pas l’usage du numérique en soit qui est en cause (et donc l’usager), mais son infrastructure, c’est-à-dire les équipements qui permettent l’usage du digital (donc la production).

Ce qui pollue le plus c’est la fabrication des équipements électroniques : ordinateurs, tablettes, smartphones. Il s’agit donc d’une réalité sur laquelle le consommateur n’a pas énormément de prise.

Car ce n’est pas le consommateur qui choisit quand son équipement tombe en panne, ou quand la dernière mise à jour le rend dysfonctionnel. Ce n’est pas non plus lui qui contrôle la logique économique de ce système où il est plus rentable de racheter que de faire réparer. Ni lui qui structure la filière de recyclage et les obligations qui lui sont liées. Ce n’est pas lui non plus qui contrôle les mix énergétiques à partir desquels ces équipements sont produits et alimentés (et qui in fine génèrent la pollution).

Comment agir sur la pollution numérique ?

Les quatre grandes recommandations du rapport GreenIT pour réduire la pollution du numérique :

  • Réduire le nombre d’objets connectés en favorisant leur mutualisation et leur substitution.
  • Réduire le nombre d’écrans plats en les remplaçant par d’autres dispositifs d’affichage : lunettes de réalité augmentée / virtuelle, vidéo projecteurs LED, etc.
  • Augmenter la durée de vie des équipements en allongeant la durée de garantie légale, en favorisant le réemploi, et en luttant contre certaines formules d’abonnement.
  • Réduire les besoins des services numériques via leur écoconception.

En fait, sur toutes ces questions, ce sont encore une fois “les dirigeants” qui décident, qu’ils soient politiques ou corporate. La pression des citoyens sur ces dirigeants n’a donc rien d’illégitime, y compris lorsqu’elle est diffusée via le numérique.

Comme le reste, la pollution du numérique n’est pas un domaine où les citoyens peuvent agir seuls. Ils ont bien-sûr leur part de responsabilité (entretenir leurs équipements, maîtriser leurs usages, les prioriser) mais c’est avant tout le système qui est dysfonctionnel. Et pas seulement sur la question de la pollution numérique, fut-elle plus importante qu’une autre.

La pollution numérique est une réalité, qu’il faut prendre en compte et anticiper. Si l’on ne le fait pas, en faisant la transition vers une approche plus low-tech et plus circulaire, nous risquons de mettre cette ressource critique en danger. 

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Crédit photo : MacrovectorMaster1305