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Rêver hors norme


Rêver hors normes (texte lanceur de l'atelier philo du 19/03/18)

Les normes sont des règles qui régissent l'action des individus à l'intérieur des sociétés. Elles existent sous la forme de règles explicites, qui s'imposent officiellement aux individus et peuvent être de nature juridique ou réglementaire. Ces règles explicites ont pris une importance croissante dans les sociétés modernes.

Les normes s'appuient sur des valeurs. Alors que les normes sont concrètes, les valeurs sont abstraites. Les normes et les valeurs ont donc pour fonction de guider l'action sociale. Pourtant les comportements individuels ne sont jamais complètement déterminés, puisque la coexistence de plusieurs systèmes de valeurs et la malléabilité des normes rendent tout aussi légitimes des comportements différents.

Les interactionnistes réfutent à Durkheim le postulat selon lequel la société serait un tout homogène. Selon eux il n'existe pas de consensus relatif aux normes et aux valeurs et chaque groupe social possède les siennes. Pourtant, certains groupes ont réussi à rendre leurs pratiques légitimes et utilisent les institutions pour imposer leurs propres normes.

Du fait de ses éléments structurels, la société peut-être considérée comme stable. Les normes et les valeurs qui la fondent sont transmises de génération en génération et cet héritage lui confère une certaine stabilité. 

La socialisation est facilitée par la cohérence des valeurs et des normes proposés par la société. 

Mais s'en remettre aux normes, pour qu'elles assurent la maîtrise rationnelle du monde, ne serait-ce pas bien imprudent ?

La norme détermine-t-elle le type de société dans laquelle nous vivons ou la société dans laquelle nous vivons détermine-t-elle le type de normes en vigueur? Pourquoi l'existence humaine est-elle confrontée à des normes? D'où tirent-elles leur pouvoir? La norme est-elle au service de la raison? Mais quel genre de raison fait la norme? La raison est-elle suffisante? Changer de normes c'est accepter de mettre la raison en mouvement? Quels types de libertés les normes permettent-elles? Les normes n'enferment-elles pas la société dans un déterminisme qui peut nuire à la démocratie?...

Et puis, il y a la part du rêve: non pas celui que l'on fait en dormant mais celui qui nous tient éveillé.

« Je crois au rêve, disait Borgess. Rêver est essentiel. C'est peut-être la seule réalité qui existe.»

Les normes culturelles, quel type de liberté laissent-elles subsister? Se libérer de sa culture suppose que nous avons un rapport conscient à elle...

Si l'ère médiévale était calée sur la contemplation, si les temps modernes ont choisi la révolution, notre époque semble portée par la réalisation de soi. Maintenant que les horizons communs se sont évanouis et que la crise économique nous bouscule, l'idée d'une vie en accord avec son désir tend à s'imposer aux esprits. Changer de vie, c'est à la fois notre dernière chance et notre nouvelle quête. Mais comment s'y prendre ?

A écouter les philosophes,, il y a cent façons différentes: façon expérimentale selon Deleuze ou sculpture de soi selon Foucault;par un acte radical propose Sartre, ou...selon Sloterdjk, nul n'est à l'abri de l'imprévisible événement qui réoriente un chemin d'existence.

Pour Foucault notre passage sur terre est bref, et doit être matière première à une création originale(la trace). Pour Deleuze, il est possible de faire au contraire confiance au désir et au hasard et larguer les amarres.Courage, rupture auto affirmation d'un côté, nomadisme, accident, liberté de l'autre.

L'inventivité humaine nous met à part de la nature.

En règle générale, les philosophes sont souvent pessimistes. Marx, Auguste Comte,Leibniz ont été raillés par les autres quand ce n'est l'histoire elle-même qui s'est chargée de le faire. On connaît les ravages de l'ironie voltairienne, « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes »dans Candide. 

Si Marx et Comte ont développé des visions optimistes au XIX° s, l'histoire ou la science devait nous libérer du malheur. Mais le génie du pessimisme (Hobbes) Nietzsche et Sartre avec l'idée que notre existence est dénuée de sens et Cioran qui rajoute que«le seul inconvénient, c'est d'être né»nous encouragent à trouver de la jubilation dans cette lucidité. Quant à la religion, elle ambitionne de nous consoler en nous promettant un autre monde. 

Dépasser notre culture pour retrouver des mouvements mutants qui caractérisent notre humanité reste toutefois un beau projet !!!!

Plus que du changement, il faut faire l'éloge du sursaut... et l'espérance n'est-elle pas le rêve de tout homme éveillé?

J.A

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